Tout savoir sur l’alambic charentais

Tout savoir sur l’alambic charentais

Pièce maîtresse de la production des eaux-de-vie de Cognac, l’alambic charentais conjugue des savoir-faire traditionnels et une maîtrise pointue de la distillation des vins blancs de la région du cognaçais. Grâce à une distillation « à repasse », appelée également double distillation, gage d’une concentration aromatique de qualité, l’alambic charentais forge, encore aujourd’hui, la réputation des eaux-de-vie de Cognac.

 

L’alambic charentais ou l’art de distiller depuis le XVIème siècle

Alors que l’art de distiller (du latin « distillare » ou tomber goutte à goutte) semble connu depuis les Mésopotamiens, l’alambic se développe à partir du Moyen-Âge. Perfectionné par les chimistes au XIIIe siècle, son utilisation pour distiller le vin et produire les eaux-de-vie de Cognac en Charente ne remonterait qu’au XVIe siècle, Ce sont des marchands hollandais qui ont distillé le vin issu des vignobles de cognac afin que celui-ci ne se dégrade pas durant le temps long de transport.

 

Produit purement Charentais, car développé et fabriqué dans la région cognaçaise, l’alambic charentais constitue l’élément indispensable pour fabriquer du Cognac. En effet, chaque maison et chaque producteur d’eau-de-vie de Cognac ont l’obligation d’utiliser l’alambic charentais. Ses caractéristiques, quant à elles, sont définies et réglementées par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Ainsi, la capacité de la chaudière ne doit pas dépasser 30 hl dont 25 de charge pour la seconde distillation.

 

Outre ces aspects réglementaires, l’alambic charentais est surtout remarquable pour son talent à produire des eaux-de-vie sans impuretés et de grande qualité, grâce à la lenteur de son processus de distillation, contrairement à d’autres alambics qui n’obtiennent le même résultat qu’après trois ou quatre distillations.

 

L’alambic charentais et la double distillation, pour des eaux-de-vie aromatiques de grande qualité 

Les eaux-de-vie de Cognac sont fabriquées à partir du vin blanc de la région, distillé deux fois au moyen d’un alambic charentais qui est, la plupart du temps, artisanal. Elles sont ensuite conservées dans des fûts en chêne. L’alambic charentais se compose de trois éléments, obligatoirement en cuivre :

 

  • La chaudière appelée également cucurbite qui reçoit le vin ou le brouillis ;
  • Le chapiteau prolongé d’un col-de- cygne qui permet de collecter les vapeurs d’alcool ;
  • Le serpentin traversant un bassin réfrigérant qui condense les vapeurs et régule la température des distillats. 

 

Ces éléments sont indispensables pour réaliser la double distillation, appelée également distillation « à repasse ».

 

La première distillation, ou première chauffe, est faite avec du vin blanc, chauffé ou non, que les producteurs introduisent dans la chaudière et portent à ébullition. Les vapeurs d’alcool ainsi libérées vont alors s’engager dans le col-de-cygne puis dans le serpentin, baignant dans l’eau froide. A son contact, les vapeurs d’alcool se condensent puis s’écoulent sous la forme d’un liquide trouble, appelé brouillis qui titre de 27 à 32% d’alcool.

 

La seconde distillation, appelée également seconde chauffe ou « bonne chauffe », est réalisée exactement selon le même principe mais, cette fois-ci, le brouillis remplace le vin blanc. On conserve alors uniquement le cœur de la seconde distillation pour le Cognac, qui titre entre 70 et 72% d’alcool. Cette double distillation offre une meilleure concentration aromatique. Par ailleurs, la forme des éléments qui composent l’alambic, les matériaux, le mode et le temps de chauffage ont également une grande influence sur la qualité des eaux-de-vie de Cognac.

 

La fabrication de l’alambic : un savoir-faire traditionnel transmis de chaudronniers à chaudronniers 

La fabrication des alambics charentais constitue un savoir-faire artisanal unique que les entreprises de la région cognaçaise gardent en héritage, grâce notamment à la transmission des gestes et des processus, de chaudronniers à chaudronniers. L’alambic charentais est confectionné en cuivre, un métal sélectionné pour ses propriétés physiques et chimiques. Malléable, le cuivre facilite le travail du chaudronnier qui réalise le formage des différents composants de l’alambic. Ce professionnel martèle ou lamine la matière pour la rendre plus dure et plus lisse. Le choc du marteau modifie visiblement la surface du cuivre et change en profondeur sa structure pour garantir une plus grande qualité de distillation. Par ailleurs, le cuivre a également été sélectionné car il permet une bonne conductivité de la chaleur, limite les phénomènes de surchauffe ou de « rimé » et résiste à la corrosion.

 

Une fois tous les éléments de l’alambic charentais fabriqués, les artisans chaudronniers les assemblent et procèdent à un rivetage manuel. Entre tradition et modernité, les entreprises de fabrication artisanale d’alambics charentais accompagnent également les Maisons de Cognac dans l’optimisation des volumes et des formes des éléments composant leur distillerie, et ceci avec le même impératif que les fabricants d’eaux-de-vie : produire des spiritueux de grande qualité, qui font la renommée de la région de Cognac dans le monde entier.